mercredi 1 décembre 2010

La CEI empêchée de dévoiler les premiers résultats provisoires par des pro-Gbagbo

Journée à rebondissement ce mardi 30 novembre 2010 à Abidjan autour de la Commission électorale indépendante (CEI) chargée d'annoncer le résultat du second tour de la présidentielle. En fin de journée, la presse a même pu assister à une altercation entre les deux membres de la CEI représentant le FPI du président Gbagbo et le président de la Commission venu pour livrer les résultats de trois provinces. Aucun résultat n'a finalement été donné mardi, et un nouveau rendez-vous a été annoncé pour ce mercredi matin. Rappelons que la CEI a jusqu'au 1er décembre au soir pour donner le résultat provisoire du scrutin. Un résultat qui devra être alors confirmé par la Cour suprême ivoirienne.

A ce stade, deux questions : 1 – La CEI pourra-t-elle proclamer les résultats ? 2 – Pourra-telle le faire en direct, sur les antennes de la Radio-télévision ivoirienne (RTI), comme lors du premier tour ? Mardi matin, soudainement, le studio de la RTI installé à la Commission a été démonté.
Mardi, à défaut du résultat de leur vote de dimanche dernier, les téléspectateurs ivoiriens ont eu droit à la diffusion à intervalle régulier d'informations relayant les arguments développés depuis dimanche soir par le camp présidentiel : un reportage sur une femme martyrisée par les Forces nouvelles à Korhogo, une conférence de presse d'observateurs africains affirmant que, dans la zone sous contrôle de l'ex-rébellion, aucun standard démocratique n'a été respecté, et une déclaration du porte-parole de Laurent Gbagbo réclamant l'invalidation des procès-verbaux de vote dans trois régions du nord.

Le RHDP réplique que tout cela n'est que pure intoxication. Il se dit serein, et sûr que les résultats, lorsqu'ils seront annoncés, consacreront Alassane Ouattara comme nouveau président de la Côte d'Ivoire. Il accuse son adversaire d'être dans une stratégie d'obstruction à la CEI, et de vouloir confisquer le pouvoir.
Quant à la communauté internationale, elle commence à donner de la voix. A deux reprises, ce mardi, Youn-jin Choi s'est rendu au siège de la CEI pour l'encourager à poursuivre son travail de compilation des résultats et à résister aux pressions. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a appelé les Ivoiriens à laisser publier les résultats et à agir pacifiquement. La Cédéao les a exhortés à « maintenir la paix dans cette période très critique ». Le Parti socialiste français, membre de l'internationale socialiste – comme le parti de Laurent Gbagbo, a appelé « chacun à la responsabilité et au calme ».
Une journée sous haute tension
En Côte d'ivoire, quelle soit nationale ou internationale, la presse a, tout au long de la journée de ce mardi, été prise à témoin par les deux camps, quand elle n'a pas fait l'objet de tentatives d'instrumentalisation. Le récit de cette journée sous haute tension.
Dans la soirée mardi, le service de communication de la CEI, la Commission électorale indépendante, a invité les journalistes à venir assister à la lecture de nouveaux résultats provisoires par le porte-parole de la Commission électorale. Tandis que Bamba Yacouba s'apprêtait à livrer les chiffres de trois régions, il en a été empêché par deux commissaires de la CEI représentant le Front populaire ivoirien de Laurent Gbagbo qui lui ont pris ses papiers des mains avant de les déchirer au motif que ces résultats étaient « faux » car n'ayant pas été « consolidés », thèse démentie par Bamba Yacouba.
Contrairement au premier tour et à la veille, la CEI n'a pas pu délivrer ces résultats en direct sur les antennes de la télévision nationale, dont les équipes présentes sur son site central à Abidjan avait plié bagages le matin-même. Au journal de 20H00, le superviseur des équipes de la RTI à la CEI justifiait cette décision par le souci de réduire le coût de la liaison satellite dédiée à la CEI, louée 24 heures sur 24 pour les besoins de prises d'antenne trop sporadiques. François Kouakou précisait que ses équipes étaient prêtes à revenir quand la CEI le leur demanderait pour annoncer des résultats. Dans la journée, les deux camps ont organisé des conférences de presse, le RHDP pour dénoncer la « logique de confiscation du pouvoir par Laurent Gbagbo », la majorité présidentielle pour donner la parole à des victimes d'exactions lors du second tour en ex-zone rebelle.

Source : RFI

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