La scène se déroulait jeudi dernier à Abobo. Un quartier populaire d'Abidjan dont Simone Gbagbo est députée mais où le candidat de l'opposition est arrivé en tête au premier tour de l'élection présidentielle. « Le pouvoir de Laurent Gbagbo a été attaqué par Alassane Ouattara en 2002. Si tu mets un guerrier à la tête de ton pays, c'est que tu veux la violence ! », menace la première dame devant des chefs traditionnels sénoufo, une communauté du nord musulman proche du rival de son époux, Alassane Dramane Ouattara (ADO).
La pugnacité de Simone Gbagbo ne fait aucun doute. Crainte par ses adversaires, cette fervente nationaliste qu'on surnomme la « dame de fer » est revenue en grâce auprès de son époux après les résultats mitigés du Premier tour. La seconde épouse de Gbagbo, Nady Bamba, n'ayant pas réussi à conquérir le cœur des électeurs du nord, le chef de l'Etat s'est retourné vers celle avec qui il avait fondé clandestinement le Front populaire ivoirien (FPI) dans les années 1980.
L'objectif qu'il lui a confié est crucial : séduire l'électorat baoulé, concentré dans la région de Yamoussoukro et favorable au candidat malheureux du premier tour Henri Konan Bédié, allié d'ADO pour le second. Le fief du Parti démocratique de Côte d'ivoire (PDCI, parti houphouétiste) a représenté le tiers des suffrages de Bédié au premier tour. Autant dire que c'est lui qui déterminera l'issue de la présidentielle, alors que l'écart entre les deux candidats est très serré : 38 % pour Gbagbo contre 32 % pour ADO.
Femme de pouvoir
Native de Bonoua (sud), « Maman », comme l'appelle ses militants, n'hésite pas à s'exprimer dans la langue des Baoulés, appartenant à une ethnie apparentée. Son style directe et percutant, mélange de charme et de fermeté, tranche avec celui très discret, tout en retenue, de Dominique Ouattara.
Cette Française, chef d'entreprise qui a fait fortune dans l'immobilier avant d'épouser ADO en 1991, parle d'une voix presque timide. « Cher frère, chère sœur, pense a ta santé! », lance-t-elle de sa voix fluette à quelques centaines de personnes venues à trois jours du scrutin dans l'un des centres abidjanais de sa fondation humanitaire, « Children of Africa », pour recevoir des soins gratuits. Mais les apparences sont parfois trompeuses. S'habillant désormais en pagnes colorés comme sa rivale du FPI, « Fanta », comme l'appelle les supporteurs de son mari, cacherait sous des airs réservés une vraie « femme de pouvoir », selon l'un de ses anciens collaborateurs. (Avec AFP)
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